Finalement, les réseaux sociaux ne fabriquent pas de « bulle de filtre »

Attention, renversement radical de perspective : contrairement à ce qu’affirme la littérature numérique depuis plusieurs mois, les utilisateurs de réseaux sociaux bénéficieraient d’une information plus diverse que les autres. C’est en tout cas le résultat d’une étude menée par la fondation pour le journalisme d’Harvard. Explication.

Les « bulles de filtre », ces mondes numériques clos où tout nous ressemble

Pour bien comprendre cette étude, il faut d’abord passer par quelques mots de rappel. Ici, les (fidèles) explorateurs du bureau de Ganesh, déjà bien renseignés sur la question, peuvent passer.

Qu’est-ce qu’une bulle de filtre ? Ce concept désigne une idée simple : « les informations auxquelles l’internaute accède sur internet sont le résultat d’une personnalisation mise en place à son insu » d’après Wikipédia.

Cette personnalisation est à l’œuvre dans plusieurs outils : réseaux sociaux, agrégateurs d’informations (Google news pour ne citer que le plus connu), moteurs de recherche, etc. Chacun propose en effet aux internautes une sélection (plus ou moins fine selon les cas) d’informations, supposément adaptée à ses centres d’intérêt.

Résultats personnalisés de Google
Le moteur de recherche Google livre des résultats personnalisés à chaque utilisateur en fonction de son historique de recherche, sa localisation, etc. Et n’est pas très emballé à l’idée de revenir sur cette personnalisation.

Une sélection tellement personnalisée que certains craignent que nous ne soyons tous enfermés dans une bulle idéologique. Un monde numérique dans lequel tous les contenus qui nous sont présentés (sur Facebook, sur Google news, etc.) sont ceux avec lesquels nous sommes a priori en accord.

C’est donc cela, une « bulle de filtre » : un monde numérique personnel où tout nous ressemble (idéologiquement). Et si le monde numérique est à ce point fragmenté, c’est à cause des réseaux sociaux, disent les tenants de la thèse des bulles de filtre.

Sauf que…

Les utilisateurs de réseaux sociaux consultent plus de sources d’infos que les autres

L’étude de la fondation d’Harvard, portant sur des publics issus de pays différents (Royaume-Uni, Allemagne et États-Unis) est partie d’une question simple : parmi les différents groupes d’ internautes, qui consulte le plus de sources ? Pour y répondre, les chercheurs ont isolé trois groupes :

  1. les internautes utilisateurs de réseaux sociaux et qui font la démarche d’y chercher de l’information ;
  2. les internautes qui n’utilisent pas du tout les réseaux sociaux ;
  3.  les internautes utilisateurs des réseaux sociaux mais qui ne font PAS la démarche d’y chercher des informations (même s’ils peuvent en croiser par capillarité, en fonction des partages de leurs amis et abonnés).

Conclusion : les utilisateurs de réseaux sociaux, même s’ils ne cherchent pas d’informations, consultent plus de sources que les non-utilisateurs de réseaux sociaux.

Ce résultat est illustré par le graphique ci-dessous (issu de l’étude de la fondation pour le journalisme de Harvard). Les statistiques de chaque groupe représentent le nombre de sources consultées, en moyenne et par semaine, pour chacun d’entre eux :

Les utilisateurs de réseaux sociaux consultent des sources plus diverses que les autres

Mais, comme le soulignent les auteurs de l’étude, consulter plus de sources ne signifie pas mécaniquement consulter des sources plus diverses, politiquement notamment. Alors, les utilisateurs de réseaux sociaux consultent-ils des sources offrant des points de vue différents ?

Là encore, la conclusion est sans appel : oui, les utilisateurs de réseaux sociaux consultent plus de sources politiquement diverses que les autres.

Le graphique ci-dessous représente ainsi, parmi chacun des trois groupes, combien utilisent des sources politiquement diverses (c’est-à-dire au moins une de gauche ET une de droite). Que ce soit au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis, les tendances sont les mêmes :

Pour consulter l’étude dans son intégralité ainsi que sa méthodologie, c’est ici (article en anglais) !


Une question au bureau de Ganesh ? Posez-la, nous sommes utilisateurs de réseaux sociaux et donc très ouverts ! 😉

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