Chez les petites mains de Google

Vous vous souvenez quand Google s’est fait écharper pour avoir permis que de la pub soit diffusée en introduction de vidéos douteuses sur YouTube (racistes, par exemple) ? Pour corriger le problème, le moteur de recherche avait annoncé des changements technologiques. Mais ces technologies ne seraient rien sans les « Google raters », des évaluateurs qui contrôlent si les algorithmes du géant californien fonctionnent. Le magazine Ars technica est revenu sur ces travailleurs invisibles mais sans qui Google ne serait pas Google. Résumé.

Les sous-traitants qui font fonctionner Google

Ils sont 10 000 dans le monde, et font le tour de l’horloge. Leur objectif : vérifier que les résultats de recherche Google ne vous remontent pas des pages offensantes ou inutiles.  Ils effectuent des quantités de tâches qui visent à mesurer la pertinence des algorithmes de Google, produisant ainsi une quantité inestimable de data.

En effet, les évaluateurs de Google planchent aussi bien sur les algorithmes publicitaires que sur ceux du moteur de recherche, aussi bien sur Android que sur les autres produits Google. Mais ces petites mains ne sont pas salariées de la firme : elles sont employées par des sous-traitants qui les mettent à la disposition du géant californien.

Bienvenue chez Leapforce

Leapforce est une des entreprises sous-traitantes de Google. Beaucoup des employés de cette société californienne travaillent à domicile et se coordonnent à distance. Ils utilisent des pseudonymes et sont payés à la tâche. Chaque tâche est minutée, ce qui en plafonne le prix unitaire (et pose de légers soucis quand la plateforme qu’ils utilisent, Raterhub, connaît des ralentissements).

Des employés mis à nu par Google

Évaluer la pertinence d’un résultat de recherche, vérifier la transcription d’un fichier audio ou le comportement d’une application Android font partie des missions des évaluateurs. Mais d’autres tâches sont plus… étranges : quand elles sont liées à des algorithmes de personnalisation, les évaluateurs doivent donner accès à leurs propres données au géant du web, pour tous les services Google qu’ils utilisent. Photos (personnelles) incluses, ce qui met certains des évaluateurs assez mal à l’aise.

Un travail très exigeant

Pour devenir évaluateur, les candidats doivent digérer 160 pages d’instructions ! Ils sont évalués dessus à l’entrée, et beaucoup d’entre eux ne passent pas le cap. Sans parler des mises à jour régulières de cette somme. Ils sont d’ailleurs incités à passer des quiz chaque semaine pour vérifier que leurs connaissances sont bien à jour.

La mise à jour de leurs connaissances, qui prend un temps considérable d’après les témoignages recueillis par Ars technica, n’est pas du temps de travail payé. Quand un évaluateur se retrouve évalué, son temps de travail autorisé peut être plafonné si ses réponses s’éloignent trop des canons du moment.

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Un robot scanne également leurs réponses. Quand il estime qu’un évaluateur n’est pas dans les clous, il peut le bloquer. Même si le robot le fait à tort (ce qui arrive), la seule procédure de contestation peut prendre des jours (sans salaire, donc).

Les évaluateurs se rebellent contre Google

Les évaluateurs sont supposés représenter l’utilisateur moyen. Leurs actions sont sensées aider le géant à améliorer ses algorithmes… Mais, avec ses instructions, Google borde soigneusement ce qu’il entend par un utilisateur moyen. Par conséquent, certains évaluateurs ont l’impression que leurs réponses ne cadrent plus du tout avec leur  expérience hors cadre professionnel.

Par ailleurs, en juin, alors même que Google considère ces petites mains comme un rouage indispensable de la machine, Leapforce a décidé de ne plus les employer qu’à temps partiel, ce qui les met en difficulté. 20 % des évaluateurs travaillaient en effet à temps plein. Personnes handicapées, vivant des dans zones isolées, ou parents de jeunes enfants : travailler à domicile est un enjeu pour eux. En réponse, les évaluateurs sont bien décidés à ne pas laisser leurs conditions de travail se dégrader…

La suite (pleine de rebondissements) chez Ars Tecnica (attention, l’article est en anglais) !


Au bureau de Ganesh, nous ne sommes pas Google, ni Leapforce. Notre activité est hébergée par une coopérative d’activités et d’emplois, une CAE, membre d’un réseau national de coopératives. Ce réseau et l’ensemble de ses membres sont parties prenantes de l’économie sociale et solidaire.

Si vous avez des interrogations sur notre fonctionnement, on se fera un plaisir d’y répondre 🙂